Le nouveau film « Xale » (Les blessures de l’enfance) du réalisateur Moussa Sène Absa dresse la vie d’autres personnages, des femmes fortes qui, malgré les traumatismes, arrivent à s’en sortir, à l’image de Fatou, une femme battue dont le personnage est interprété par l’actrice Rokhaya Niang. En visite, mercredi, dans nos locaux, cette dernière lève un coin du voile sur ce long métrage qui va sortir en première au Sénégal, plus précisément au cinéma Sea Plaza aujourd’hui.
Pouvez-vous revenir sur la trame de ce long métrage ?
C’est un film qui raconte beaucoup d’histoires. Et, c’est une petite fille qui a été violée par son oncle qui est parti par la suite avant de revenir 10 ans après. Et la petite a eu une fille qui a 10 ans évidement, après il y a eu un drame, puisque la petite a tué… Il y a aussi son jumeau qui veut aller en Europe par la mer avec ses drames à répétition, mais qui a réussi quand même à débarquer en Europe. Ce film parle également d’une tante qui a été donnée en mariage forcé.
C’est un bon film que je n’arrive pas raconter. L’objectif, c’est d’inviter les gens à aller dans les salles pour regarder les films. Parce qu’aujourd’hui, je dis que c’est un plaisir d’avoir des salles de cinéma qu’on n’a pas eues depuis. Moi, j’ai eu la chance d’avoir vu des films qui sont sortis au cinéma Le Paris. Mais depuis, le Sénégal n’a pas eu de salles de cinéma comme dans toute l’Afrique de l’Ouest, d’ailleurs. Et aujourd’hui, si on a Canal Olympia, Pathé et cette nouvelle salle de Sea Plaza qui ouvre demain (aujourd’hui), c’est un plaisir et ça va nous motiver à travailler davantage. Parce que, nos films vont être vus ici au Sénégal, car à chaque fois, on est interpellé par : « Vous faites des films que nous on ne voit jamais », c’est peut-être 2 ans voire 3 ans après à la télé.
À travers vos explications, c’est une thématique actuelle, le viol et l’immigration clandestine. Aujourd’hui, en tant que femme leader, quel appel lanceriez-vous aux adultes et aux enfants ?
Je lance un appel aux jeunes qui veulent prendre les pirogues pour aller en Europe, leur dire qu’il faut rester au pays, c’est dangereux, c’est risqué. Moi-même j’ai un cousin qui est parti on ne l’a plus retrouvé. Parce qu’il n’y a plus rien en Europe, on peut rester ici et réussir, il suffit juste de croire en nous. Pour la question du viol c’est des choses qu’on doit dénoncer, car ça se passe partout même dans nos familles, c’est le cas de ce film. Mais comme le jumeau est au courant, l’information s’est très vite répandue au sein de la famille. Par contre, il y a des viols dans les familles, personne ne veut en parler, et psychologiquement l’enfant affecté peut même aller jusqu’à refuser de se marier. C’est des choses à dénoncer, moi je me bats pour ça. Je suis contre ces viols, il faut qu’on dénonce ces gens-là, car c’est des malades, on ne peut pas violer sa propre fille, sa nièce…
Aujourd’hui, dans la même logique d’éducation vers ces problématiques, que faire dans le monde du cinéma pour sensibiliser davantage les jeunes à aller dans les salles et s’approprier des messages lancés par des cinéastes africains, sénégalais en particulier ?
Bon, c’est comme nous sommes en train de faire en faisant tout pour diffuser nos films en salle, ici. Autant il y avait beaucoup de salles les gens allaient au cinéma, après il y a eu cette rupture partout en Afrique, même au Burkina où il y a le Fespaco. Maintenant avec les nouveaux films africains, sénégalais, nous allons nous battre dans la sensibilisation pour pousser les gens à aller voir des films en salle. Car ça n’a rien à voir avec le fait de rester chez soi ou avoir son smartphone pour regarder des films.
Emedia